Carnet de voyage

Publié le par Docteur Héraclius Gloss

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Mais que lis-je en ce moment? La Chanson de Charles Quint d'Erik Orsenna, Le Magasin des suicidés de Jean Teulé, Les jardins statuaires de Jacques Abeille, Cher Amour de Bernard Giraudeau.

J'ai choisi de parler de ce dernier roman (je reviendrai aux autres plus tard) parce qu'il me touche plus particulièrement. Roman? C'est davantage une longue lettre, très longue lettre que l'auteur adresse à une inconnue, surnommée Madame T., qui pourrait être l'idéal féminin, l'amour avec un grand A, celle à qui il veut  confier sa perception de la réalité et son âme car cette correspondance n'est pas un étalage d'émois mais le récit d'un voyage, ou plutôt de voyages autour du monde. Ainsi, des planches du théâtre au coeur de l'Amazonie, Giraudeau écrit à cette femme imaginaire (?), absente et tant désirée.

A l'ère des sentiments "textotés", des amours "entoilés", il est émouvant de découvrir ce magnifique courrier. A sa lecture, on se prend à rêver à notre tour d'une Madame T. à laquelle on aimerait également livrer notre coeur...

Cette femme, j'ai eu pour ma part la chance inestimable de la rencontrer, il y a longtemps, si longtemps...Je l'espère depuis bien des vies à vrai dire! Elle est mon absente, ma lettre manquante et pourtant elle m'accompagne dans chacune de mes fantaisies. Les si beaux mots de Giraudeau me donnent tout simplement l'envie d'éteindre mon portable, mon pc et de lui écrire.

 

"Le prendrez-vous ce temps de me lire, pour me prolonger un peu en vous?

A propos de temps, je me souviens d'un jour où nous regardions une montagne, une immense paroi sculptée, au pied de laquelle vivait un arbre millénaire, seul, enraciné dans les failles. Nous ne bougions pas, silencieux. Machinalement vous avez regardé votre montre et les secondes ridicules qui vous échappaient. Vous étiez revenue à la réalité de ce petit temps étriqué sans beauté, sans ailes, un temps qui soudain a heurté la roche, le tronc rugueux, et s'est désagrégé, inutile. Alors vous avez caché votre poignet, vous êtes revenue dans l'éternité et les secondes se sont évanouies comme flocons de neige sur la pierre chaude. J"ai pris votre main, j'ai frissonné."

 

Cher Amour, Bernard Giraudeau aux Editions Métailié - collection Points -

Publié dans Cabinet de lecture

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